- CARTES PAR AVION - |
ENTIERS FRANÇAIS D' USAGE COURANT
POSTE AÉRIENNE
CARTES - AVION
Dates essentielles | pour ce chapitre |
Bibliographie |
voir également au chapitre "bibliographie" générale
Naissance |
Il s'agit d'abord de "Précurseurs" puisque ces entiers
ne pouvaient être achetés directement dans un bureau de poste
avec une quelconque surcharge correspondant à la surtaxe. Voici
ci-dessous une explication rapide et le principe de base.
Après l'Armistice du 22 juin 1940 le courrier entre la zone occupée (d'une part) et la "zone libre", l'Afrique du Nord et les territoires restés sous le contrôle du gouvernement de Vichy (d'autre part), ne peuvent circuler qu'au moyen de cartes postales (cartes "interzones" officiellement mises en vente le 26 en septembre 1940 - B.O. n°25, 11 octobre 1940, p.369 -) et par voie de surface.
Une circulaire du 23 décembre 1940 autorise l'envoi par avion. L'emploi des timbres adhésifs étant prohibé dans les relations interzones (par crainte d'inscription de messages sous le timbre), la surtaxe aérienne est perçue en numéraire et son versement justifié par l'apposition d'une griffe spéciale.
Mais cette griffe n'était pas apposée
par le bureau où avait été déposée la correspondance, et qui
avait encaissé la surtaxe.
En métropole, deux bureaux de la zone occupée ont été habilités
à centraliser ce courrier aérien et ont été dotés de griffes
spéciales :
PARIS R.P. AVION et BORDEAUX-GARE AVION
Il ne s'agit pas d'une surcharge à proprement parler et on ne peut pas rencontrer de cartes neuves revêtues de ces griffes.
CP 80c Pétain
(Lemagny) + surcharge "complément ..." pour
tarif à 1,20 avec surtaxe de 1 fr (Paris RP) pour l'AFN (09/05/1942) |
Le montant de la surtaxe variait selon les destinations, il a également
évolué pendant la durée d'existence du service, de même que
le tarif de base de la carte postale.
Voici un tableau résumé de l'évolution de ces tarifs présenté
sous la forme :
Tarif CP + Surtaxe
aérienne
( Attention ! Ce tableau demande quelques vérifications
)
À partir du | (23/12/1940) | 02/05/1941 | 05/01/1942 | 23/07/1942* |
Militaires (1) au Maroc | o,80 + 0,80 | 1,20 + o,80 | 1,20 + 1,20 | |
AFN (2) | o,80 + 1,oo | 1,20 + 1,oo | 1,20 + 1,50 | |
Mauritanie / Sénégal | o,80 + 2,oo | o,80 + 3,50 | 1,20 + 3,50 | |
AOF (3) | o,80 + 2,50 | 0,80 + 3,50 | 1,20 + 3,50 | |
Guyane française | o,80 + 13,oo | 1,20 + 13,oo | ||
Antilles françaises | o,80 + 17,oo | 1,20 + 17,oo |
(1) Militaires français
(2) Algérie, Maroc et Tunisie
(3) sauf Mauritanie et Sénégal
* date de décret qui n'est pas forcément celle de mise en
application
Étant donné que ces griffes étaient apposées sur
des cartes achetées précédemment par les utilisateurs, elles
ont été vues sur des supports différents :
- pour les cartes au tarif de base
de 80c :
- 80c
Iris brun sur chamois ;
-
"Prix de vente o,90" [80c] Iris brun sur divers (!),
texte à compléter au verso ;
-
"Prix de vente o,90" [80c] Iris brun sur divers (!), 8
lignes d'instruction au verso ;
- 80c
Pétain (de Lemagny) brun sur divers ;
- 80c
Pétain (de Lemagny) brun sur blanc (carton couché) ;
- pour les cartes au tarif de base
de 1,20 fr :
-
"Complément de taxe perçu" sur 80c Pétain (de
Lemagny) brun sur blanc (carton couché) (voir
illustration ci-dessus) ;
- 1,20
fr Pétain (de Lemagny) brun-rouge sur blanc (carton couché) ;
Au niveau de l'outre-mer
le même principe fut appliqué, mais le nom du bureau
centralisateur n'est parfois pas mentionné ce qui peut donner
des griffes (de confection locale) du genre "Complément de
taxe perçu", "Par avion" ou "Avion taxe perçue".
On connaît, entre autres, des griffes nominatives de :
Casablanca, Conakry, Dakar, Fès, Niamey, Oujda, Rabat, etc.
Il est fréquent que le timbre à date ne soit pas
frappé sur la vignette, mais à-côté.
On peut aussi signaler que des cartes Pétain ont été repiquées
localement, avec mention du prix de vente de la carte - surtaxe
comprise - en Tunisie et au Maroc.
Évolution |
Puis de "vrais" entiers apparaissent.
Une circulaire du 15 novembre 1942 du Gouvernement de
Vichy prévoit la vente de cartes surchargées pour la
correspondance aérienne.
Ces cartes devaient être vendues par les recettes principales
des chefs-lieux des quarante cinq départements occupés. La
surcharge devait comprendre la valeur de la surtaxe aérienne (variable
selon les destinations), le nom du bureau émetteur et la mention
"par avion".
On connaît des cartes pour la plupart des 45 département
concernés, à quelques exceptions près (les RP les plus honnêtes,
qui n'ont pas mis en vente des produits qui n'étaient pas
utilisables - voir ci-dessous - !).
C'est exclusivement la carte à 1,20 Pétain (de Lemagny) brun
rouge sur carton blanc couché qui a servi de support de base.
Le tarif est inchangé par rapport à la dernière version du "temps des griffes".
Ces entiers étaient vendus "en lot" (comme
quoi on n'a rien inventé avec les PàP !), ou plus
exactement avec un minimum :
- 20
minimum pour les surtaxes à 1,20, 1,50 et 3,50 francs ;
- 10
minimum pour la surtaxe à 17 francs.
Toutes les valeurs de surcharge ne sont pas connues pour tous les bureaux ayant émis de telles cartes (à 182 francs le lot de 10 pour les Antilles, les clients n'ont pas dû se bousculer partout). Diverses couleurs ont été utilisées tant pour la surcharge ronde que pour la griffe "par avion".
Il n'existe pas de surcharge à 13 francs (surtaxe pour la Guyane française) car le matériel n'a pas été livré aux bureaux !
En raison des évènements militaires en Afrique du Nord le courrier par avion avait été suspendu dès le 7 novembre, et les cartes postées furent retournées aux expéditeurs. Les cartes non utilisées pouvaient être remboursées.
Quelques remarques (voir les illustrations ci-dessus) :
- Ces cartes semblent avoir été sciemment émises
pour les collectionneurs.
- Elles n'ont d'ailleurs été utilisées que par des philatélistes
(Boscus, Pierre, Solal, etc.). La première date d'oblitération
notée est du 18 novembre, mais on en a vu expédiées jusqu'en février
1943. Les premières envois ont été retournés à l'expéditeur
avec des griffes "Retour à l'envoyeur" et "Inadmis"
ou des mentions manuscrites du genre "relations suspendues".
Un certain nombre de bureaux ont ensuite utilisé des griffes (diverses)
avec textes variés se résumant en "Relations interrompues,
retour à l'envoyeur".
- Il existe des fabrications de complaisance. On connaît, par
exemple, des cartes oblitérées non adressées mais portant néanmoins
les mentions "Non admis" et "Retour à l'envoyeur"
!
- Les cartes remboursées ont été annulées à la main avec des
mentions "taxe postale et surtaxe aérienne remboursées".
Ce peuvent être des pièces comptables qui n'auraient, en principe, pas dû
sortir des bureaux (cela dit, avec un peu d'encre...).
- Ce sont, de loin, les cartes neuves qui sont les plus rares.
* membre titulaire de l'Académie de philatélie